Les ruches ont vue sur l'entrée de la vallée

Bienvenue à Freissinières

Publié par Nina Deux

Journal du projet

Où Nina apprend que les montagnes sont de très gros cailloux.

Avant de commencer à vous raconter mes folles aventures en Hautes-Alpes, un peu de contexte : j'ai grandi en Normandie, et passé ma vie et mes vacances dans des paysages plutôt "champs et mer" que "forêt et montagne". Voilà pourquoi quand j'ouvre l'oeil le lundi 17 février, après 11h de train de nuit option "assise comme dans l'avion" et que je vois défiler les montagnes derrière la vitre, ma première pensée sera : ah, oui, ils sont gros ces cailloux...

 

D'accord, ce n'est pas la première fois que je pose le pied à la montagne, et même pas la première fois que je viens dans la région : j'avais déjà exploré Puy-St-Vincent, à un gros caillou de là, à l'occasion d'un séjour animation-des-pistes-en-fanfare-et-initiation-au-ski, il y a quatre ou cinq ans, mais mon expérience alpine se pose là. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais souhaité partir faire ma résidence dans cette région : rien de tel que le dépaysement pour se consacrer totalement à un nouveau projet. Heureusement, mon souhait a été exaucé et c'est avec beaucoup d'entrain, de cernes et 30 minutes de retard que je descends de mon train à l'Argentières-les-Écrins où m'attend Anne, l'enseignante avec qui je vais travailler jusqu'en juin.

L'école
L'école est à 1200m d'altitude, et accueille les élèves à partir du CE1. Les plus petits sont à quelques kilomètres d'ici, à Champcella.

J'ai déjà eu l'occasion de rencontrer Anne quelques mois plus tôt et je sais déjà qu'on va bien s'entendre. Elle est venue se poser à Freissinières après avoir longtemps enseigné en région parisienne, pour profiter de ce qu'elle décrit comme "le plus beau pays du monde" et pour maintenir en vie la petite école de la vallée, où elle s'occupe d'une classe à quatre niveaux, du CE1 au CM2.

Sur la route qui monte jusqu'à Freissinières, elle me raconte rapidement quelques histoires du coin. J'acquiesce entre deux bâillements, mais mon pauvre cerveau embrumé ne retient pas grand chose. Tant pis, on aura tout le temps d'y revenir. Je débarque dans la petite école, un peu en retard (merci la SNCF), pas très fringante mais visiblement impressionnante pour les élèves qui marmonnent leurs noms l'un après l'autre. Pas trop le temps d'approfondir les présentations, on se reverra cet après-midi pour commencer à discuter de la raison de ma présence. Pour le moment, il est temps de me rendre au gîte où je vais résider cette semaine.

La Maison des Ribes

La maman d'un élève, qui gère l'endroit, vient me chercher : je dors dans un immense chalet pouvant accueillir jusqu'à 50 personnes. Heureusement, je ne suis pas seule dans l'histoire, et une colocataire randonneuse me tiendra compagnie toute la semaine.

Pour ce premier jour, je vais déjeuner avec Anne et suivre les élèves à la bibliothèque, où travaille Odile deux jours par semaine. C'est là qu'on va parler un peu plus du projet et établir nos objectifs de la semaine : enregistrer les voix des élèves et leur faire raconter leur rapport à la nourriture, au repas, et à la cantine. Les enfants ont l'air intrigués, mais pas follement enthousiasmés, sûrement parce que c'est encore loin de leur sembler concret. Je décèle même un peu d'appréhension chez les plus timides à l'idée d'être interviewés. Et chez les enfants comme les adultes, une question qui revient  : un podcast (c'est quoi) ? Un film d'animation ? C'est quoi le rapport entre les deux ? Comment on fait ça ?

Ça tombe bien, on s'y attaque dès demain...