Les premières idées en dessin

Première rencontre

Publié par Lea Michel

Journal du projet
Arts plastiques Design Scénographie

En décembre je passe à l’école pour voir les lieux et discuter de vive voix avec la directrice et Nathalie l’institutrice. Lorsque je reviens pour la première séance en janvier, j’arrive le dimanche soir à 23h avec ma grosse valise. Je suis censée trouver une clef sous un paillasson, pour accéder au studio en haut de l’école, que la mairie me loue pour la durée de la résidence. En arrivant, pas de paillasson. Je fais le tour des entrées de l’école, toujours pas de paillasson. J’essaie d’appeler Nathalie. Pas de réponse. Je finis par rebrousser chemin et aperçois une maison allumée. C’est le papa de Manon, il a l’accent anglais. Ce soir, il travaille tard sur des traductions. Il connait bien Nathalie, tout le monde se connait ici. Au pire, je peux dormir chez lui si je ne trouve pas de solution. Je réessaie Nathalie. Toujours avec ma valise, je vais voir à l’hôtel du Lion D’or à côté. Rien. Je retourne chez le papa de Manon, quand Nathalie me rappelle ! C’est sous le paillasson du studio au troisième étage, la porte bleue d’en bas est toujours ouverte. Evidemment en bonne citadine, je n’ai pas pensé à essayer d’ouvrir les portes. Enfin dans mon chez moi provisoire. Je dors très mal, j’ai le trac. Le lendemain matin, je découvre depuis la fenêtre de la salle de bain, le Puy du Sancy enneigé.

 

Dans la classe de Nathalie, elle a en même temps les niveaux de CM2, CM1 et CE2. Comme ils sont assez peu nombreux, elle me demande si je peux prendre les CE1 en même temps. Je me retrouve avec deux groupe de treize. J’appréhende un peu.

Pour la première séance, on est tous ensemble assis en cercle, on fait le tour des prénoms. J’explique aux enfants ce que l’on va faire ensemble pendant six mois : on va faire des maquettes de cabanes, que l’on va ensuite assembler sous forme de ville. A la fin on filmera en imaginant de petites scènes à l’intérieur. Il faudra que vous apportiez des matériaux de récupération, principalement du carton. Les questions fusent déjà : est-ce qu’on pourra faire une tour grande comme ça, avec la tour Eiffel par-dessus et une maison en haut ? Est-ce que je peux apporter un morceau de bois grand comme ça ? Bon, ils verront bien que certaines idées ne fonctionnent pas toujours comme on veut… C’est comme ça qu’on apprend. Leur engouement et leurs questions me font dé-stresser : ils sont super motivés !

On répartit des groupes aléatoirement. Pour qu’ils commencent à dessiner leurs premières idées, je leur raconte une petite histoire. Un phénomène paranormal est survenu : toutes les constructions qui existent - les maisons, les immeubles, les lieux publics…- ont disparu. Ils doivent se reconstruire des abris comme ils le veulent. Chacun dessine son idée, certains manquent d’idées et copient leurs voisins. Ensuite, ils présentent leurs dessins devant les autres.

Alors là c’est une tour avec des armes en cas d’attaque, on peut tirer aussi depuis là, ensuite on peut monter ici, puis là, il y a un pont pour aller jusqu’à l’arbre, ça c’est une décoration que je vais faire à l’intérieur, et puis là c’est le potager, et puis il y aura aussi des carottes et des poireaux, et là… Globalement ils sont pleins d’idées et d’énergie. Quelques-uns sont déjà assez créatifs. Pour la plupart, leurs idées restent dans ce qu’ils connaissent déjà : une maison avec une forme de maison ; et comme j’ai parlé de cabanes, elles sont presque toutes dans des arbres. Nathalie me dit qu’effectivement, certains ne sont même jamais aller à Clermont Ferrand - à une heure de route de Tauves. Il va falloir que je les aide à aller vers un imaginaire plus singulier, plus personnel. Pour les matériaux ce sera du carton, et du reste, ils seront assez libres : j’aimerais voir comment chacun développe ses propres méthodes.

A la fin je leur montre des exemples d’habitats aux formes inhabituelles pour eux, et de grands bâtiments. Ouaaaa !!! Eh moi je l’ai vu en vrai ça ! Ah oui vraiment ? Oui moi aussi ! (C’est en Inde…)

 

Au début de la deuxième séance on parle de ce qu’est le volume. Pour eux c’est la 3D. Les petits pensent d’abord au volume sonore. On fait le tour de ce qui est en volume : tout ce qui nous entoure finalement. Avec eux j’apprends aussi en revenant aux bases auxquelles on ne pense même plus. J’apprends aussi à les gérer…

Cette séance est plus technique : je leur montre comment réaliser un cube en papier, de façon à ce qu’ils comprennent mieux par la suite comment mettre en volume du carton. Certains ont du mal. Mais j’y arrive paaas ! Léaaa ! Je n’ai pas anticipé que la plupart ne connaissent pas les décimales. Mon 3,5 cm de côté est difficile à assimiler pour certains. D’autres ont fini en avance. Salim a même le temps d’en faire un deuxième. Après cela, je leur montre d’autres exemples de ce que l’on pourrait qualifier de cabanes. Ils sont curieux, réactifs, et se posent plein de questions.

 

Après deux séances, je me rends déjà compte que les CM sont assez autonomes et pour certains assez inventifs, alors que les petits doivent être bien plus accompagnés. Cela m’oblige à m’adapter en revoyant mes procédés. La semaine prochaine on commence les maquettes. Ils ont hâte, moi aussi. Au départ je vais les laisser libres de faire leurs choix. Puis, en fonction de leurs propositions respectives, j’orienterai chacun vers des solutions différentes. En tout cas, ils sont contents de me voir, j’ai même droit à des câlins le matin !

Première rencontre

Introduction du sujet et premières idées par le dessin