Là réside la première question. Et la première réponse nous est donnée par son étymologie : le mot photographie vient du grec ancien phôtos (la lumière) et graphein (écrire). Cela signifie simplement "Écrire avec la lumière". La photographie c’est avant tout l’envie de voir. Puis le besoin d'enregistrer une trace. Mais pour commencer, il faut des matériaux et des machines. C'est ce que nous avons découvert dans cet atelier sur l'histoire de cette merveilleuse et multiple invention !
Le principe de la camera obscura remonte à l’époque de l’Antiquité. On sait que le philosophe Aristote en parlait déjà dans ses écrits. Ce principe est simple : dans une boîte noire, percez un minuscule trou. Sur la surface opposée, est projetée la scène inversée qui se trouve face au trou.
À partir de la Renaissance, les peintres et les architectes l’utilisent pour observer plus précisément leur environnement, perfectionner leurs dessins ou composer leurs toiles. (Le peintre hollandais Johannes Vermeer (1632-1675) est connu pour avoir employé ce procédé pour peindre ses toiles.)
Léonard de Vinci (1452-1519) compare le fonctionnement de la chambre noire à celui de l’œil, où l’image se forme aussi à l’envers. C’est notre cerveau qui la remet à l’endroit.
Il faut attendre 1550 pour qu’un mathématicien italien pense à mettre une lentille afin de renverser l’image projetée dans la chambre noire, et enfin la remettre à l’endroit.
Le problème de la chambre noire est qu’elle ne permet pas d’enregistrer l’image : nous n’y voyons qu’un reflet. Sitôt l’obscurité faite dans la pièce, il n’y a plus rien à observer dans la chambre noire.
Il faut attendre trois cents ans après la mort de Léonard de Vinci pour que la première image soit fixée. Grâce à la chimie, à de nombreuses expériences, souvent ratées, et à l’obstination des inventeurs ! C'est Nicéphore Niepce (1765-1833), en 1826, qui ouvre le bal, avec son Point de vue du Gras, première photographie connue au monde, de plusieurs heures de pose. L'héliographie (écriture avec le soleil) est née.
Quelques années plus tard, Louis Daguerre (1787-1851) améliore le procédé que Niepce n’avait pas eu le temps de perfectionner (car il meurt en 1833). Daguerre, qui est un homme d’affaires rusé, appelle son invention, en toute modestie, le daguerréotype.
Il s’agit d’une plaque de cuivre recouverte de grains d’argent et d’eau salée, exposée ensuite à de la vapeur de mercure. L’argent brûle à la lumière. Le temps de pose est raccourci à quelques dizaines de minutes, ce qui est beaucoup mieux que plusieurs heures ! C'est une véritable explosion de demandes de portraits ! Le Tout-Paris veut sa photographie.
Oui mais voilà, le daguerréotype ne donne qu’une seule image : celle qui est sur la plaque. Et celle-ci est très fragile. Au même moment, deux autres inventeurs mettent au point des procédés chimiques pour fixer les images.
Le Français Hippolyte Bayard (1801-1887), en 1839, parvient à fixer une image positive sur du papier.
Pour des raisons politiques, il sera moins connu et reconnu que son compatriote Daguerre. Oublié et frustré, il réalise la première photographie de fiction où il se représente en noyé.
Et l’Anglais William Fox Talbot (1800-1877), dès 1834, expérimente des supports et des chimies différentes. Il est l’inventeur de ce que l’on appelle aujourd’hui le négatif. Il va enfin être possible de reproduire les images en plusieurs exemplaires.
Les techniques vont se perfectionner. Vers 1850, la technique du collodion humide, un produit chimique sensible à la lumière déposé sur plaque de verre, est mise au point. Cette technique permet de réduire considérablement le temps de pose. Mais comme son nom l’indique, il faut qu’il reste humide : la photographie doit être prise tout de suite, tant que la plaque de verre est mouillée.
Cela n’empêchera pas les photographes de partir à l’aventure, pour enregistrer le monde en pleine révolution industrielle.
Il y aura des voyageurs...
Le matériel est très lourd, environ 50 kilos. Les plaques de verre sont fragiles. Il faut emporter tout le laboratoire de chimie avec soi.
Les premiers photographes voyagent en charrette, à dos de mulet ou avec plusieurs porteurs.
Il y aura des ateliers et des studios...
Dont le plus connu et le plus réputé est celui du Français Félix Tournachon, alias Nadar. Toutes les stars de l'époque se sont faites photographier par le maître, même le réticent poète, Charles Baudelaire.
À cette époque, le public réclame des photos instantanées !
Dans les années 1870, le gélatino-bromure d’argent sera découvert. Ce procédé est sec, donc les photographes pourront l’emporter avec eux, sur des plaques déjà préparées.
Il a fallu améliorer les machines également. Avant 1870, on utilisait la technique du bouchon. Comme pour le sténopé, on enlevait le cache à la main, et on le remettait après le temps de pose de plusieurs minutes.
Mais quand le temps de pose se réduit à moins d’une seconde, il est compliqué pour l’homme d’aller aussi vite ! Après de nombreux tests pas très réussis, l’obturateur mécanique est inventé en 1880. Il se ferme et s’ouvre à la vitesse voulue.
Il y aura aussi des questions scientifiques...
Eadweard Muybridge ou Étienne-Jules Marey, grâce à la photographie et plus particulièrement la chronophotographie, vont pouvoir "découper" le mouvement des êtres vivants et en comprendre les mécanismes !
Mais il manque encore la couleur...