Couper, plier, coller, accrocher, couper, coller...

Les derniers jours de résidence à Beaurevoir ont été ... intenses. A partir des 4 productions de chacun des élèves, soit 256 productions, nous avons assemblé chacune des boîtes qui composent l'installation de la restitution. Afin de les suspendre une à une, nous avons collé 320 faces, percé 256 trous, filé 320 mètres de fil. Ces gestes à répétition nous ont permis de prendre le temps. Le temps de revenir sur ces six mois écoulés, de nous raconter à nouveau les moments difficiles, les rencontres, les surprises et les éclats de rire. Le temps nous rappeler comment nous en sommes venues à participer à cette résidence, à Beaurevoir, et à travailler sur la tour où Jeanne d'Arc fut enfermée pendant des mois. 01.02.03. Nous nous sommes souvenues de ces longues heures à marcher, en silence, à rester à ses côtés. Suspendre les boîtes avait pour nous un sens fort : faire exister chacune des histoires des enfants dans l'espace et recréer dans leur ensemble une forme mouvante, instable, comme un nuage qui se disperserait ensuite. Chaque enfant repartira avec sa boîte. Avec Thibault, Mélanie a découpé les cartons, passé la ficelle dans chacune des boîtes tandis que Chloé a encollé les différents dessins avec Dimitri, et découpé l'ensemble des ficelles. Aides précieuses. Gestes répétés, calculés, minutieux, la précision accepte le défaut. Chaque boîte possède sa marque, sa propre hauteur, sa différence. Alignées dans un mouvement de vibration, l'erreur se répartit à l'horizontal. Le montage de l'exposition, par sa lenteur, nous a permis de prendre le temps de regarder un à un ces petits mondes s'assembler. Le lendemain, lors de la restitution, les enfants se faufilent sous les boîtes plus vite que leurs parents ; nous observons les histoires en train de se créer sous nos yeux, à nouveau. Les boîtes livrent leurs histoires, gardent leurs secrets.