Semaine du 1er février
Sur la route de Lille vers Beaurevoir, les champs sont infinis, se courbent légèrement et s'entremêlent. Nous avons confiance en l'une, en l'autre, en l'imprévu, l'inattendu et l'expérience. Nous venons découvrir le village de Beaurevoir sans a-priori, sans programme prévu pour les jours à venir. Nous n'avons fait aucune recherche approfondie ni sur le village ni sur son environnement, comme pour se garder la surprise de l'étonnement, le plaisir de la découverte.
Pourtant nous avons des images en tête : des images entêtantes. Nos retrouvailles nous rappellent nos années d'études à Lille, nos projets architecturaux de diplôme sur la côte d'Opale à Quend-plage, derniers projets réalisés ensemble dans le Nord de la France. "La frite, la brique, la bière ". Quelques mois plus tôt, nous installions sur l'esplanade de la Grande-Motte de grands tableaux transparents offrant aux passants un vaste champ de libre expression sur l'horizon de la mer. Le dessin comme source d'inspiration, le dessin comme sujet de recherche. Sur la route, nous nous confions nos doutes, évoquons nos derniers projets, interrogeons notre métier.
" Beaurevoir, Beaurevoir, Beaurevoir ". Le nom sonne bien à notre oreille, chante et roule doucement dans notre bouche. Il ressemble à un au revoir et au plaisir de se revoir, comme un travail déjà fini alors que nous arrivons à peine. Sans se l'avouer l'une à l'autre, notre curiosité nous a fait défaut. Nous arrivons à Beaurevoir avec une première image glanée sur Internet : celle de la tour du château où Jeanne d'Arc fut emprisonnée pendant quelques mois en 1430. Qu'elle soit photographiée en noir et blanc au format carte postale, ou récemment en couleur avant et après sa restauration dans les années 1990, l'image de la tour est forte et prégnante. Nous n'en parlons pas.