des moules pas encore clos

Fermeture de l’œuf

Publié par Benoît Villemont

Journal du projet

où l'on voit que dans une classe d'enfant il y a des rêveurs et des ingénieurs

Après un mois et demi d'absence, je suis de retour. Les enfants m'ont manqué, j'ai cru comprendre, qu'à eux aussi j'ai manqué.

Mais de quoi se souviennent-ils ? Se rappellent-ils encore de la technique de la cire perdue ? Comprennent-il encore pourquoi on fabrique une cloche en cire qui ne sonne absolument pas alors qu'on veut la faire en bronze sonnant ?

Dans une classe, m'a-t-on enseigné, il y a les ingénieurs et il y a les rêveurs. Quand on parle de cire perdue, respectivement il y a ceux qui se demandent si de la cire d'abeille peut disparaître sans laisser de cendres, de résidus noirs, mais qu'après tout une bougie en cire peut bien se consumer sans laisser de traces.

Et puis il y a ceux qui repensent à leurs repas de noël ou d'anniversaire où il y avait une dizaine de bougies en cire sur un bon gâteau au chocolat et même qu'on pouvait prendre les bougies et mettre des gouttes de cire sur la nappe et que ça pouvait brûler les doigts aussi et même qu'un jour en se brûlant ça a fait ce qu'on appelle une ampoule et qu'il y a 5 jours papa a changé les ampoules dans le salon.

Entre les ingénieurs et les rêveurs, il y a ceux qui ont, dans une certaine proportion, un peu des deux. Mais peu importe que l'on comprenne ni que l'on se perde dans la lune, l'important est d'être là quand on fait, présent, en son temps, à la matière et à ses dix doigts. L'art n'a pas besoin d'être compris, surtout pas. Beaucoup se perdent là dedans. L'art a besoin d'être senti, et c'est peut-être juste la vie de l'artiste qui a besoin d'être comprise.

moule en pot

Alors on a pris des pots de fleurs, on leur à coupé le cul, et on a bâti un château de plâtre réfractaire autour de la cloche en cire. C'est ce qu'on appelle la chappe du moule. On l'a griffé comme des chats, à l'aide de fourchettes tordues. On a ensuite retourné le tout pour enfoncer des clous dans le noyau ainsi que dans la chappe, fermer le circuit des futurs évents par un pont de cire munit d'un petit éclaire, entre la fausse-cloche et les piques à brochette. La-dessus on a refermé le moule par une dernière couche de plâtre réfractaire ayant la texture d'une crème fouettée avant de durcir comme la pierre.

Je crois qu'avec tout ça, ingénieurs et rêveurs sont satisfaits. Entrons maintenant dans la seconde œuvre.