Premières illustrations des CE2-CM1

"Mais moi je sais pas dessiner !"

Publié par Ariane Hugues

Journal du projet

Du 11 au 15 mars, retour à l'école d'Eyjeaux. C'est la première semaine complète que je passe avec les enfants. 

Je décide de recommencer la semaine là où nous en étions restés la dernière fois, par du dessin libre, sans notion de bien ou mal dessiné. J'ai préparé une playlist de différentes musiques aux sonorités étranges ou inquiétantes. Je demande aux élèves de "dessiner la musique", de suivre le rythme, la mélodie, tel ou tel instrument, l'intensité du morceau, etc, avec leur main sur le papier. Je leur donne aussi des consignes successives : le faire les yeux fermés, de la main gauche, de la main droite, sans lever la main de la feuille, seulement avec des petits motifs répétés, sans faire de traits, seulement avec la gomme... Le but est toujours d'essayer de leur faire explorer toutes les possibilités techniques du fusain, et de leur faire comprendre que dessiner, ce n'est pas forcément faire un trait de contour des choses. On verra si ça marche au moment de passer aux illustrations ! (spoiler : moyennement).

Le mardi, on commence la séance par un jeu. J'ai ramené un certain nombre de livres d'images et d'illustrations à leur montrer. Les enfants se mettent par deux. L'un à une image sous les yeux. Il doit la décrire le mieux possible, à l'autre, qui ne la voit pas, et qui doit essayer de la reproduire au mieux en dessin, d'après les indications qu'on lui donne. C'est un test pour essayer de leur faire regarder avec attention les images, et de leur faire comprendre comment elle se constitue : quels en sont les différents éléments, qu'est-ce qu'on voit le plus, qu'est-ce qui est important ou pas...
Ensuite, on commence à travailler sur les illustrations des histoires inventées le mois d'avant. Je leur explique d'abord comment on va procéder : d'abord un découpage en tout petit de leur début d'histoire, le "chemin de fer", ensuite un crayonné à la vrai taille, et enfin les vraies images. Pour leur simplifier un peu la tâche, je leur ai préparé plusieurs modèles de découpage qu'ils peuvent choisir, un peu entre de la BD et de l'illustration, avec des illus pleine pages ou des cases, selon leurs envies.
Je me demande sans cesse si c'était une bonne idée de faire quelque chose de si compliqué, ou de leur laisser le choix. Peut-être que j'aurais du sauter l'étape chemin de fer ? Ou alors donner un seul modèle de page possible ? Un nombre de pages fixe ? Encore une fois, je vois que ce n'est au premier abord pas simple pour eux de penser du texte et du dessin en même temps.


Au bout de deux séances, certain.es ont très bien avancé et d'autres galèrent. Je peine à faire le tour et à aider suffisamment tout le monde à chaque séance. Certain.es croient dur comme fer à leur proposition et n'acceptent pas mes remarques ou ont du mal à prendre du recul sur ce qu'ils ont fait, quand d'autres cherchent ma validation à chaque coup de crayon. Le jeudi, je décide tenter quelque chose pour les faire s'aider les un.e.s les autres au lieu de me prendre comme unique référente. Je leur demande de se mettre par deux, de se faire lire/raconter leur histoire, et je leur donne une sorte "check-list" à remplir sur l'histoire de l'autre, rédigée sous forme de questions. "Est-ce que j'ai bien présenté le personnage principal ?", "Est-ce qu'on comprend bien toutes les étapes de l'histoire ?", ou encore "Est-ce que la dernière image fait peur ?". Cela ne fonctionne pas pour tout le monde, mais ça ne marche pas si mal. Certain.es parviennent à prendre plus de recul sur leur début d'histoire grâce à ça. Je pense que je le referai plus loin dans le travail.

Enfin, le vendredi, tout le monde a son crayonné ! (certain.es rattrapés avec une petite séance supplémentaire en tout petit groupe). On commence les vraies images, en demi-demi-classe, cette fois-ci, ce qui me donne plus de temps pour aider tout le monde. Autant ils ont hésité sur l'écriture, autant là, ça carbure ! C'est même parfois un peu expéditif : je dois insister, leur dire de rajouter des détails, des ombres, des motifs... Autrement, j'ai beau avoir insisté en introduction sur le fait d'utiliser leurs trouvailles graphiques du début de semaine, et leur avoir imprimé un petit tuto de différentes façons de dessiner, tou.te.s ont tendance à recopier direction leur crayonné et à s'arrêter aux traits de contour. Mais tout le monde a l'air motivé, et les premiers résultats sont chouettes !

Je mesure au fil du projet l'ampleur du travail que cela représente. Je commence à me dire qu'on n'aura pas le temps de faire tout ce qui était prévu, si je veux avoir aussi le temps de proposer des petits "à côté", comme le jeu des images ou l'impro de dessin. J'ai encore du mal à trouver l'équilibre en les ateliers et leur préparation, et mon travail personnel, qui se glisse un peu dans les brèches qui restent. Par contre je commence à nouer plus de liens avec les enfants, à connaître leurs caractères, leurs vies, et ça c'est chouette, et me donne plein d'idées pour mes histoires. 

improvisations dessinées sur musiques effrayantes
improvisations dessinées sur musiques effrayantes
improvisations dessinées sur musiques effrayantes
improvisations dessinées sur musiques effrayantes
improvisations dessinées sur musiques effrayantes
Jeu collaboratif de description/reconstitution d'images
Jeu collaboratif de description/reconstitution d'images
Jeu collaboratif de description/reconstitution d'images
Tuto dessin du jeudi soir
Première illustration d'Emy
Première illustration de Maxime