Hélio Oiticica, Parangolé, 1964

#5 Pateapapier ?

Publié par Coline Cuni

Journal du projet
Arts plastiques Sculpture Performance, Objet à manipuler

Pour ce premier atelier de sculpture à proprement parler, je choisis de faire travailler les groupes à partir d'un grillage qu'ils recouvriront d'un mélange argile et cellulose. Élévation de la forme, stabilité, cet exercice permettra d'aborder la pensée en trois dimensions. 

Au début de la séance, la pâte est déjà prête : argile fine, eau et cellulose que nous avions commencé à préparer la veille. Les enfants prennent un malin plaisir à aller remuer le tout dans la grande bassine noire en y plongeant les mains jusqu'au bras, même si je leur répète que ce n'est pas vraiment nécessaire.

Je propose que nous partions d'un bout de grillage que chacun découpe selon son idée, pour le mettre en forme et en volume. Ensuite il faudra le recouvrir d'un papier trempé de barbotine qui adhérera au grillage et servira de support au mélange très fluide que nous apposerons dans un dernier temps. 

Le chemin emprunté ici permettra normalement de poser des questions de construction en trois dimensions, sans trop se préoccuper de technique de modelage ou de type de représentation. Mais puisqu'il faut bien donner une forme à notre entreprise, je propose aux enfants d'imaginer une sorte de forme fantomatique, qui n'a donc pas de forme définie - définitive et qui tend même vers l'idée d'informe. Nous regardons des oeuvres que j'ai imprimée et accrochées au mur : Robert Morris, Claude Viallat, Hélio Oiticia. La sculpture est ici liée au tissu et à la surface que nous allons travailler aujourd'hui.  

 

Grand écart

Le groupe du matin est assez important - 14 élèves, et me sollicite plus. Ils n'arrivent pas à découper ou courber le grillage, le papier n'adhère pas, la pâte ne fait que tomber. 

C'est une approche trop technique et je m'en rends compte tandis que nous travaillons. La pâte est très souple et si j'ai l'habitude de gestes délicats, c'est en revanche trop précis pour eux. Pourtant, le mélange a des avantages : en séchant la cellulose présente se durcit et colle, évitant aux sculptures de "poudrer", de s'effriter ou de trop fissurer. 

Les plus impatients s'énervent ou se découragent, d'autres sont catastrophés quand la terre passe par les trous du grillage ou s'effondre sur les côtés comme une peau de banane que l'on épluche. Je rattrape les maladresses tant bien que mal en espérant que ce premier atelier ne va pas faire retomber l'engouement général perçu pendant les premières séances.  Mais l'ensemble a un air étrange, et dans la collection de toutes ces sculptures je vois finalement la beauté de ces fragiles constructions.  

Certaines sculptures sont parfaitement maîtrisées, il s'agit d'ouvrages modestes dans leur échelle comme dans leur forme. Appliquées, Orlane et Gwendoline sont les seules à travailler en duo. Elles érigent une corne qu'elles finissent même par lisser puis aident leurs camarades à reboucher les erreurs.

Les bases sont  posées, justement dans la difficulté de l'exercice nous avons pu prouver l'importance d'une structure squelette solide. Pour illustrer l'ordre des différentes étapes de fabrication, j'évoque la construction d'une maison. D'abord les fondations et la charpente, l'ossature bien stable. Puis on monte petit à petit les étages en commençant par le bas pour finir par poser l'argile sur le haut de notre sculpture - le toit enfin quand tout est bien solide.

 

Argile et pâte à papier, en cours d'atelier.
Argile et pâte à papier, en cours d'atelier. On peut voir les enfants en train de recouvrir les structures métalliques de papier pour plus d'adhérence.
Paysage de sculptures en train de sécher dans l'atelier.
Fin de journée, paysage de sculptures en train de sécher dans l'atelier.