Dessin d'élève (lycanthrope)

OÙ ON FAIT UN PREMIER BILAN

Publié par Théophile Dubus - Cie Feu un rat !

Alors donc, je commençais à me dire qu'il fallait vraiment que j'organise les choses abordées en classe et que je trouve comment le spectacle écrit et créé par les élèves nourrira l'écriture de ma propre pièce. Comme j'aime bien faire des bilans, j'en ai fait un à la fin de ma première session de travail et ça m'a aidé à comprendre vers où on allait.

MON BILAN

Nos ogres et nos ogresses

(et autres monstres de Charmont)

 
   


Première session de travail – du 6 au 14 janvier 2020

Voilà, c’est fait, les premières journées de travail et de recherche autour des monstres avec vous sont passées ! Avant ma prochaine venue en février, j’ai préparé ces feuilles (à coller dans le carnet de monstres, par exemple) qui sont comme un petit bilan, avec les références des œuvres dont nous avons parlé, les définitions des mots compliqués que nous avons utilisés et quelques réflexions parmi celles que nous avons eues et qui m’ont le plus marqué.

D’abord, on s’est mis (plus ou moins) d’accord sur LA DEFINITION DU MOT « MONSTRE » :

Monstre, c’est celui ou celle qu’on « montre ». Et si on montre quelque chose, c’est parce qu’il y a quelque chose à voir.

Dans les dictionnaires, on a trouvé ces définitions :

- Être vivant présentant une importante malformation : La tératologie est l'étude des monstres.

- Être fantastique des légendes, de la mythologie : Un centaure était un monstre moitié homme, moitié cheval.

- Animal effrayant ou gigantesque par sa taille, son aspect.

- Objet, machine effrayants par leur forme énorme : Une petite voiture coincée entre deux monstres.

Personne d'une laideur effrayante.

- Personne qui suscite l'horreur par sa cruauté, sa perversité, par quelque vice énorme : Un monstre d'ingratitude.

- Enfant insupportable.

Et la définition la plus importante pour moi : Un monstre est une créature dont l’apparence ou le comportement surprend par son écart spectaculaire avec les normes d’une société.

 

On s’est aussi posé la question du RÔLE des monstres :

On n’a pas vraiment répondu. On a vu qu’il y a des monstres qui font peur (et, parfois, on aime bien avoir peur) mais ce n’est pas vrai de tous les monstres, loin de là. Je n’ai pas encore de réponse à cette question (et je ne suis pas sûr qu’il y en ait une)

 

On a souvent utilisé du vocabulaire compliqué. Voici quelques uns des mots qu’on réutilisera sûrement : 

Ambivalence/ambivalent : c’est ce qui est multiple, compliqué, qui peut avoir plusieurs sens, ou provoquer des choses contradictoires. Exemple : « les vampires me font peur et m’attirent en même temps. » « Mister Jack est parfois drôle et gentil, et parfois effrayant. » - Cf. Paradoxe/paradoxal

Cf. : abréviation d’un mot latin, confer, qui invite à aller voir une autre référence. On s’en sert beaucoup en prise de notes, parce que c’est très utile. Exemple : « Certains monstres sont des morts-vivants – cf. les zombies ».

Cliché : c’est une banalité dite et redite, qu’on connait déjà par cœur, et qu’on retrouve dans trop d’histoires. On peut aussi dire un « lieu commun ». Exemple : « La princesse très gentille était retenue par un dragon très méchant. »

Conflit du personnage : dans une histoire, c’est un problème du personnage qu’il ou elle veut résoudre. Exemples : La Reine veut être la plus belle du Royaume, MAIS Blanche-Neige est plus belle qu’elle. La Bête veut être aimée MAIS sa laideur effraie Belle. Orage le petit seigneur des ténèbres a envie de gagner MAIS il doit perdre. 

Conte étiologique : c’est un conte qui raconte l’origine de quelque chose, d’une expression, d’une situation ou d’un phénomène. Exemple : Pourquoi dit-on que la nuit tous les chats sont gris ?, le conte inventé par Esmé.

Conte détourné : c’est quand on reprend un conte déjà existant et qu’on y modifie un ou plusieurs éléments. Exemple : Le Grand Gentil Loup et les trois méchants petits cochons

Freak-show : c’est un mot anglais qui désigne les foires monstrueuses, où, comme dans Le dernier des Romantiques, on exposait des gens avec des conditions physiques sortant de l’ordinaire. Aujourd’hui, c’est interdit (et c’est tant mieux).

Norme : c’est ce qui est commun, ordinaire, répandu, habituel. Quand on est dans la norme, on est normal.

Paradoxe/paradoxal : quelque chose ou quelqu’un qui a plusieurs caractéristiques qui devraient normalement s’opposer. Exemple : « une mère-ogresse » -> une mère ça donne la vie, une ogresse ça la prend, une mère-ogresse, ça donne et ça prend la vie en même temps. « un clown maléfique » -> un clown, c’est censé faire rire, ce qui est maléfique fait peur, un clown maléfique, ça fait rire et peur en même temps.

Cf. ambivalence/ambivalent.

Réécriture : c’est quand on reprend la base d’une histoire déjà existante pour en inventer une nouvelle. Exemple : Maléfique est une réécriture de La Belle au Bois Dormant.

Surréaliste : ce sont des artistes (peintres, poète·sse·s, réalisateur·trice·s …) qui ont cherché à reproduire la logique des rêves dans leurs œuvres. Cela donne des œuvres étranges, bizarres, souvent drôles, parfois difficiles à comprendre. Leonora Carrington est une poétesse surréaliste.

Tautologie : c’est quand, pour expliquer quelque chose, on redit la même chose ; on peut aussi dire « pléonasme ». Exemple : J’aime bien ce film parce que je le trouve bien. Ou ça m’émeut parce que c’est émouvant. Ou Je suis fatigué parce que j’ai sommeil.

Tératologie : l’étude des monstres. Ceux et celles qui étudient les monstres (comme nous !) sont des tératologues.

On a parlé de beaucoup d’œuvres. En voici quelques-unes.

LIVRES

- Faut jouer le jeu, de Esmé Planchon (L’école des loisirs) – le premier roman d’Esmé, un roman où une lycéenne et ses nouveaux amis jouent à un jeu qui s’appelle « Entrons dans la fiction »

- On habitera la forêt, de Esmé Planchon (Castermann Junior) – le deuxième roman d’Esmé, un roman où une collégienne en vacances fait des rencontres inattendues et sauve une forêt.

- Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818), de Mary Shelley, le roman original où s’est créé le mythe du Docteur Frankenstein et de sa créature

- Dracula, de Bram Stoker, le roman original où s’est créé le mythe du Comte Dracula, le vampire le plus célèbre du monde.

- Le Seigneur des Anneaux, de J.R.R. Tolkien, une série très célèbre de romans fantastiques – un peu comme le grand-père d’Harry Potter.

- Le Lait des rêves, de Leonora Carrington, recueil de poèmes et de contes surréalistes sur les monstres.

FILMS ET SERIES

- Blanche-Neige et les sept nains (1937), de Walt Disney, le célèbre dessin animé.

- La Belle et la Bête (1946), de Jean Cocteau, un film merveilleux qui s’inspire du conte du même nom.

- Buffy contre les vampires (1997 – 2003) de Joss Whedon, une série qui parle d’une Tueuse de Vampires.

- L’étrange Noël de Monsieur Jack (1993), d’Henry Selick, film d’animation vu en classe.

- Elephant Man (1980), de David Lynch, un film racontant l’histoire vraie de Joseph Merrick, né avec une déformation du visage, exhibé en tant que monstre de foire et surnommé « Elephant Man ».

- Fantasia (1940), de Walt Disney, série de films courts d’animation, où Disney s’inspire de grands airs de la musique classique pour créer des histoires.

- Frankenstein (1931), de James Whale, la première fois que le roman a été adapté au cinéma.

- Freaks (1936) – un film sur les freak-shows

- Godzilla (1954), de Edji Tsuburaya, la première apparition du Roi des Monstres au cinéma.

- Le Golem (1920), de Paul Wegener et Carl Boese, un film allemand muet qui raconte l’histoire du Golem, créature d’argile créée pour protéger son créateur mais qui finira par se retourner contre lui.

- The Greatest Showman (2018), de Michael Grasey, un film musical qui se déroule dans le monde du cirque et des parades monstrueuses.

- Le magicien d’Oz (1939), Victor Fleming (cité par Esmé). Une comédie musicale en noir et blanc ET en couleurs avec des souliers rouges, des méchantes sorcières, des bonnes fées, un lion peureux, un homme de fer, un épouvantail, une jeune fille, le chien Toto et le Kansas.

- Wonder (2017), de Stephen Chbosky, qui raconte l’histoire d’un petit garçon né avec une malformation du visage.

MUSIQUE ET CHANSONS

- Champagne, écrit et chanté par Jacques Higelin

- Dracula, écrit et chanté par Thomas Fersen

- Frankenstein, écrit par Serge Gainsbourg, chanté par France Gall

- Une nuit sur le Mont Chauve, de Modeste Moussorgski

 

Pour finir, grâce au travail avec vous, je me rends compte que, décidément, les monstres qui m’intéressent le plus sont ceux et celles qui sont paradoxaux et ambivalents, et qu’on aime tout en ayant peur d’eux.

Dessin d'élève (plantes cannibales quoiqu'amoureuses)

OÙ JE COMPRENDS SUR QUOI ON TRAVAILLE

Comme dit dans le paragraphe juste au-dessus, j'ai réalisé que le lien que je veux faire entre mon histoire de mère-ogresse et le travail mené par les élèves, c'est précisément ce concept d'AMBIVALENCE. Quand on ne sait pas si on aime ou si on hait, quand on ne sait pas si on désire ou si on a peur, et quand on ne sait pas sur quel pied danser. J'ai l'impression que c'est un thème important, fertile et qui, malgré/grâce à sa complexité, il peut parler à tout le monde, quel que soit notre âge.

C'est là-dessus qu'on a fini la première session, en développant "ambivalent" et "paradoxe", et surtout en dansant l'expression "ne pas savoir sur quel pied danser".

(Vous pouvez essayer chez vous, vous verrez, c'est très amusant.)

A bientôt ?