Nos Ogres et nos ogresses (et autres monstres de Charmont)

OÙ JE POSE LE CONTEXTE DE MA CREATION EN COURS

Publié par Théophile Dubus - Cie Feu un rat !

Où je dis bonjour

Je trouve que c'est important de commencer par dire bonjour. Alors : bonjour !

Vous êtes en train de lire le premier article du journal de bord de ma résidence intitulée Nos Ogres et nos Ogresses (et autres monstres intéressants) que je fais avec la classe de Mme Renault à l'école Jean Sainton de Charmont-sous-Barbuise. Ce journal, j'ai envie de l'écrire pour que les élèves avec qui je fais la résidence puissent le lire, pour qu'elles et ils retrouvent des éléments abordés ensemble à l'école et pour qu'elles et ils sachent où j'en suis de mes réflexions quand nous ne sommes pas en train de travailler ensemble. Mais peut-être aussi que cela intéressera d'autres gens et, si vous êtes en train de lire cette phrase, c'est peut-être parce que c'est votre cas. Alors, que vous soyez une ou un élève, ou leur professeur, ou quelqu'un d'autre, je vous dis : bonjour.

Comme c'est le premier article, je me dis que le mieux à faire c'est de me présenter moi-même et puis de raconter pourquoi j'ai demandé à faire une Création en Cours.

Moi-même
Sur cette photo, on me voit. On voit aussi des choses que j'aime bien : certains animaux, la couleur rose, les livres, la pop, passer beaucoup de temps à faire des choses qui n'ont pas l'air importantes et penser à la vie et la mort

Où je me présente

Je m'appelle Théophile Dubus, et, sur cette photo, on me voit. (Cette photo, c'est Quentin Bardou qui l'a faite - Quentin, il est très important, et en plus, il va participer à Nos Ogres et nos Ogresses (et autres monstres intéressants), alors je reparlerai de lui souvent, dans ce journal).

J'ai 28 ans, je suis comédien, et aussi metteur en scène, auteur, performeur et directeur de la compagnie FEU UN RAT !. J'habite et je travaille entre Tours et Paris, et, avec mon travail, je vais souvent dans d'autres endroits.

"Truelle (une histoire d'enfant triste)"
Une photo de "Truelle (une histoire d'enfant triste)", prise par Marie Pétry. On y voit Jeanne Bonenfant, Miglé Bereikaité et Delphine Meilland, les trois actrices du spectacle.

Où je décris ma première pièce

Même si comédien, c'est mon métier principal, je suis aussi quelqu'un qui écrit des textes de théâtre. Tout a commencé il y a quelques années, quand trois amies comédiennes m'ont demandé de leur écrire une pièce. J'étais flatté et puis j'avais très envie de les voir jouer ensemble, alors j'ai dit "oui", et, après quelques mois de travail,  je leur ai donné : Truelle (une histoire d'enfant triste).

Truelle (une histoire d'enfant triste), c'est une pièce tout public à partir de 8 ans, qui raconte l'histoire de Truelle, une adorable petite fille, et de ses deux mamans, Illesque et Méroée. Elles habitent à Vladivostok, elles s'aiment beaucoup et elles sont très heureuses. Mais Truelle, un jour, tue le chat. Puis le canard. Puis le chien. Puis la voisine. Et puis des gens. Et tout ça devient très compliqué.

C'est une comédie que j'ai beaucoup aimée écrire et que j'ai ensuite mise en scène, à Tours, en 2017, et puis qui a joué à Lyon, à Château-Renault, à Avignon - et elle a même été lue à Prague ! Pendant que j'écrivais la pièce, je gardais ma nièce, Magda, qui était très petite à l'époque, et je me posais beaucoup de questions sur ce que c'est un "enfant", et sur ce que c'est le "jeune public". Alors j'ai essayé d'écrire la pièce en pensant à moi petit garçon, et de faire quelque chose qui m'aurait plu. Aussi, avec l'histoire que je racontais, il y avait beaucoup d'humour noir, et ça parlait, forcément, beaucoup de mort, et je me demandais si c'était bien une pièce accessible pour des gens, par exemple, de moins de 10 ans.

Quand on a joué la pièce, les adultes, souvent, n'étaient pas d'accord. Certains et certaines disaient : "quoi ? mais pas du tout, c'est pas du tout pour les enfants, c'est bien trop triste !". D'autres disaient : "c'est absolument pour les enfants ! C'est très drôle et puis c'est comme un conte". Et moi, je ne savais pas trop quoi penser.  J'étais d'accord pour dire que la pièce était un peu triste (ou plutôt mélancolique), et qu'elle parlait de choses effrayantes ou violentes mais, en même temps, j'avais l'impression que ça pouvait intéresser des jeunes personnes. Et puis je me souvenais que, quand j'étais enfant, j'adorais les détails très sanglants des contes (quand les soeurs de Cendrillon se coupent les talons, par exemple, ou quand la femme de Barbe-Bleue entre dans la pièce interdite).

Et puis, quand des enfants ont vu la pièce, j'ai eu l'impression que ça les faisait rire et réfléchir. Souvent, après le spectacle, on discutait et c'était très intéressant. Une fois, à Lyon, un club théâtre de gens entre 8 et 12 ans est venu voir Truelle et ils et elles ont tellement aimé que, ensuite, elles et ils ont eu envie d'utiliser le texte pour en faire leur spectacle de fin d'année.

Tout ça m'a fait beaucoup réfléchir et je me suis dit que je n'en avais pas fini avec le "théâtre jeune public".

"Des panthères et des oiseaux (comédie romantique)"
"Des panthères et des oiseaux (comédie romantique)". C'est une mise en scène de Quentin Bardou, et je jouais dedans, avec Jeanne Bonenfant, Alyssia Derly et Anthony Jeanne - qu'on voit sur cette photo prise par Marie Pétry.

Où je parle de mes autres pièces

Ensuite, toujours en parallèle de mon métier de comédien, j'ai écrit d'autres pièces. C'était toujours des commandes, c'est à dire que c'était des acteurs ou des actrices, ou des metteurs ou metteuses en scène, ou des festivals, qui me demandaient d'écrire.

Il y a eu Des Panthères et des Oiseaux (comédie romantique) pour Quentin Bardou (tiens, encore lui) et Jeanne Bonenfant, Le dernier des romantiques pour Antoine Barberet, Chez Nous (bien sûr les catastrophes) pour le Festival En Acte(s), Tabitha/Penny pour Esmé Planchon et Hélène de Laurens, Variation (copies !) pour Jeanne Bonenfant et Miglé Bereikaité, Brisby (blasphème !) pour Julie Papin, I wish you love (as time goes by) pour le Collectif Lyncéus ...

Ça en faisait beaucoup, des textes, et j'ai aimé tous les écrire. Mais :

1) c'était à chaque fois des demandes extérieures - je veux dire que, même si j'acceptais d'écrire, ce n'était pas moi qui étais à l'origine du projet.

2) j'avais toujours mes questions sur le théâtre "jeune public".

Et alors comme j'écrivais de plus en plus et que j'avais toujours mes questions, j'ai commencé à avoir envie d'écrire une nouvelle pièce "jeune public" et, cette fois, pas parce qu'on me demandait de le faire, mais parce que j'en avais envie.

Théâtre FUR ! à Charmont
FEU UN RAT ! sera donc à Charmont-sous-Barbuise, de janvier 2020 à mai 2020.

Où je dis à quoi me servirait une Création en Cours

Pour bien écrire cette nouvelle pièce "jeune public", je me suis dit que ce serait très intéressant de réfléchir avec des gens directement concernés. Je me suis dit aussi que j'avais envie de prendre mon temps, et besoin d'avoir assez d'argent pour le faire sereinement. Et aussi que j'avais envie d'aller chercher l'inspiration ailleurs que chez moi.

C'est pour ça que j'ai demandé à faire une Création en Cours. Et comme ma demande a été acceptée, c'est ça qui va se passer :

- je vais aller passer du temps dans un endroit que je ne connais pas.

- je vais avoir du temps pour réfléchir, inventer des choses et les écrire.

- je vais avoir une bourse, pour pouvoir me payer pendant ce travail.

- je vais inviter des gens que j'aime et dont j'aime le travail, pour participer à cette résidence.

- je vais pouvoir me poser des questions avec toute une classe de CM2, leur poser d'autres questions, répondre aux leurs, les écouter, m'inspirer de leurs manières de parler et d'écrire, et leur partager mon texte dès sa naissance (en espérant que ça les intéresse).

- et je vais faire tout ça, donc, avec la classe de CM2 de Catherine Renault, à l'école Jean Sainton de Charmont-sous-Barbuise, dans l'Aube (à côté de Troyes).


Voilà pour le contexte. Dans le prochain article de ce Journal de bord, je raconterai plus précisément le sujet de la pièce que je veux écrire, le thème de la résidence et comment j'envisage concrètement le travail.

Alors maintenant, je dis : à bientôt ?