Manuscrit Musée du Scribe

Abécédaire de l'exposition

Publié par Joseph Fabro

Journal du projet

L'Abécédaire touche à sa fin, en voici l'avant propos. La phase de mise en page approche.

Avant propos :

Il aura fallu une conjoncture inhabituelle pour présider à la naissance de ce texte ; une époque particulière aurait suffit à en justifier l'existence, ou simplement la fantaisie d’une commande, la découverte d’une évidence (ne passons nous pas des vies entières, véritable laborantins idiots, occupés à tester encore et encore les même expériences, à découvrir des évidences ?) mais ce n’est, pourtant, qu’au point de jonction (points infime et aussi invisible qu’un mètre cube d’infini) de trois conditions que débute notre aventure.

Nous somme là devant le Musée (il faudra bien savoir lequel, mais plus tard, quand nous déciderons d’en franchir les portes, ou simplement, levant les yeux, de lire son nom en grosses lettres voyantes, ou en caractères minuscules). Ce peut-être un Musée d’Histoire Naturelle, des Arts et Métiers, un Centre d’Art (étendons, juste pour cette fois, la définition), un lieu ouvert au public, proposant une rencontre, une découverte.

Par soucis d’une économie arbitraire les chapitres sont organisés en Abécédaire. À moins qu’il ne s’agisse d’un hommage au Splendide Hôtel, pas l’édifice silencieux d’Évian, ni l’institution Parisienne, moins encore le bâtiment embrasé de Ouagadougou (disant « moins encore » nous entendons en réalité le contraire), mais plutôt le livre de Gilbert Sorrentino. Pouvons-nous accepter l’idée de prendre comme ouvrage de référence un livre sur les Hôtels (bien que ce n’en soit pas un) pour parler de musées ? Il faut comprendre que la question porte sur le lieu et le langage, ou plus précisément concernant le Musée, sur le lieu et son langage. L’objet et sa langue.

Un Abécédaire par soucis de classification, de rangement, d’ordonnancement supérieur, par désir de nommer les choses avec la fausse distance d’une règle établie, avec le sérieux absurde et impossible d’un dictionnaire fragmenté, fait de définitions approximatives, incomplètes et subjectives. Un texte qui sépare les idées, les structures, les classes et les présente à la vue (déjà on lit sous les mots la présence des cimaises) ; un texte aussi qui se veut scientifique, une science de l’événement unique, de l’absence de répétition, de l’hésitation et du tâtonnement, jamais exacte, jamais unanime.

Nous voilà au pied du Musée, son nom s'affiche au fronton, ou sur une vitre, une plaque de verre encastrée dans le sol, en lettres d’acier, de caoutchouc, peintes à la main, récentes ou antiques, un nom générique, ou celui d’un homme ou simplement des lettres, le résumé d’une idée trop complexe. Au départ il y a le A