Rois et reines

Le sérieux qu'on avait au jeu

Publié par Simon Riedler

Architecture Installation Sociologie Scénographie urbaine

Vendredi 16 octobre 2020 : Intense journée à la fois dernier jour du réseau en fil, veille de vacances et Halloween. Les enfants sont déguisés, l’école métamorphosée en dédale de scènes. La salle de classe apparaît comme dernier rempart du sérieux scolaire résistant au réseau en fil. Alors une transformation s’impose.

Chaises et tables se transforment de nouveau en escabeau. Place nette est faite pour les initiatives artistiques des élèves. Le réseau en fil transforme une fois de plus son site en scène d'expression libre. Ce n’est plus une salle de classe mais les coulisses où les acteurs complètent leur costume par des fils-mèche de cheveux, des fils-ceinture, des fils-lacets...

Un galop d’essai s’improvise. Chanter des tubes pop du moment fédère la majorité. D’autre préfèrent jouer les guides d’exposition, postés dès l’entrée de l’école avec les plans imprimés par nos soins.

Masqués, les parents sont au rendez-vous. Tenant soigneusement leur rôle, les guides leur font traverser l’école de salle en salle, suivant les fils depuis le couloir, les toilettes jusqu’au terrain de sport au fond dehors où trône la « Grenade ». Ils immiscent les adultes dans l’intimité des cabanes. Une phrase de Nietzsche éclaire la visite : « La maturité de l’homme, c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant ».

Pour retracer notre travail à Pouillenay avec les deux générations d’élèves, nous avons imprimé des photographies que les élèves ont suspendues aux fils avec leurs dessins imaginant un réseau en fil dans leur village. Tandis que la projection de la vidéo « Interview des artistes » tourne dans la salle de classe, dans la salle informatique ce sont deux camarades de CM2 de l’année précédente, Jules et Mathéo, qui présentent les vidéos de leur expérience des réseaux en fil confiné et imaginaire.

Maxence participe aussi à une performance dans la salle de motricité, se mêlant aux « petits » des autres classes : il prend une douche. Sur la planète douche s’improvise un remake de Psychose d’Alfred Hitchcock, idée de Simon inspirée par les déguisements d’Halloween et les cheveux blonds de Manon et Pauline. La spontanéité des actrices et des acteurs éloigne le résultat de la scène originale, du suspense vers le comique.

« Spontanéité » : c’est le maître mot. Les élèves avaient envisagé les premiers jours un théâtre d’ombres, inspiré par notre vidéo tuto « Le réseau en fil dans la chambre »Ils préfèrent finalement la lumière des différentes scènes qu’ils ont créées avec leurs sculptures et les fils. Stella, Cléa et Camille donnent leur reprise chantée, mimée et dansée de Louane, Si t’étais là, sur la « Planète douche » et devant la « Grenade » sur le terrain de sport où elles invitent les élèves des classes inférieures à créer des connexions avec le fil. Y a lieu le concert final de Salomé à l’accordéon, son premier devant un « vrai public » nous confie-t-elle, et c’est loin d’être la seule à vaincre sa timidité (palpable par les nombreux regards caméra) ce jour-là. Elle joue quelques notes, des complices se risquent à quelques pas de danse avec les fils.

A l’issue du concert le Maire de Pouillenay nous accorde un entretien et nous décidons d’exposer les sculptures-bobines des élèves sur la place publique. Le lendemain, nous les déplacerons sur la place du Macarena (Hôtel-restaurant au centre du village). Deux parents d’élèves nous livrent aussi leur retour sur leur visite. Nous sommes comblés de les écouter, sentant nos objectifs de transmission dans le village dans une certaine mesure atteints.

Un long entretien avec l’enseignante et directrice Emmanuelle Moretti dresse le bilan des deux parties de la résidence. En somme le projet, marquant pour les élèves, s’intègre à la fois dans leur thème « cabanes » de l’année passée, dans les apprentissages sur le recyclage du début d’année, et dans le projet de circonscription à venir « drôle d’engin ».

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