Série 2

Scénarios imaginaires à partir d'événements réels _ 2

Publié par Madlen Anipsitaki

Architecture Installation Sociologie Scénographie urbaine

5 scénarios imaginaires qui font suite aux 5 scénarios imaginaires publiés par Simon Riedler.

Comment atterir dans l’imaginaire ? Comment imaginer ? Dans un rêve, nous associons des éléments perçus mais pas toujours vus de nos phases d’éveil. Dans cette méthode, nous allons associer des événements réels des différents réseaux en fil. Nous cherchons à voir ce qui nous a échappé, à souligner ce qui nous a marqué, à trouver ce qui nous a manqué… A réaliser ce que nous avons rêvé.

Scénario imaginaire 6 : La Fontaine de la Perle du Pacifique

Plaza Echaurren, Valparaiso la Perle du Pacifique.

Désolation de la 1ère place de la ville, centre du barrio puerto

Fontaine privée d’eau, banc peuplé d’une sculpture par les habitants de la place : 1 silhouette de papier mâché noir assise à leurs côtés toute la journée contemplant le théâtre de la ville.

La routine charrie son poids de misère et d’alcool. Grisaille même sous le soleil.

Dans la fontaine, une sphère-oeuf grillagée où l’on peut rentrer : cockpit d’observation, nouveau point de vue sur la plaza. Un éclair, puis le jour. Fusent les sculptures, explosent les couleurs. Une mosaïque de tous les réseaux en fil latino-américains colonise la place, le quartier, la ville, le ciel…

La photo est prise du toit du marché, bâtiment historique en travaux qui rouvre en 2021. Habitants et touristes y partageront les empanadas aux fruits de mer frais en échangeant leurs interprétations sur ce que représentent les sculptures de la place. Puis, ensemble, ils leur parlent, les palpent, s’y glissent, les soulèvent, s’y suspendent…

La Fontaine de la Perle du Pacifique
La Fontaine de la Perle du Pacifique

Scénario imaginaire 7 : La commune lune

Chaque réseau en fil a configuré le ciel à sa façon. Nos 5 sphères de Valparaiso font varier une même forme, comme des phases du cycle lunaire. Combinons différents «ciels locaux» avec une sphère qui les éclaire d’un rayon de lune, de lune commune.

Lima et l’Acrobate* : des fils verticaux lancés par les habitants à cheval sur les fils horizontaux tels des funambules lestés par des jouets en plastique remplis de sable.

Mexico et l’Atome* : deux églises ennemies face à face, aucun fil ne passe au crible de l’atome pour les unir, malgré les deux sculptures-mains tendues.

Guatemala et l’Electron* : réseau dense sur lequel est suspendu un tissu parapluie offrant un ciel autonome pour un parc réhabité et un électron à moitié nu.

Rio de Janeiro et l’Oeuf* : réseau très dense parmi les poteaux électriques et les cerceaux ôtés des sculptures-joueurs par les enfants jouant et cabossant l’Oeuf éclos de mille idées.

Bogota et le Circuit* : la sculpture «arme de paix» roule suivant un Circuit différent matin et soir. Dans la nuit, sentons la présence fantomatique des arbres et de la sculpture oiseau volée la 1ère nuit.

A Sao Paulo, les voisins s’organisent pour escalader la montagne jusqu’à la lune afin qu’elle éclaire leur réseau en fil...

* noms des sphères-bobines

La commune lune
La commune lune

Scénario imaginaire 8 : Bobine cerf-volant, sphère-volante

Un matin à Valparaiso un petit garçon a occupé la place, courant de sphère en sphère et de fil en fil. Il soulève et porte sur son dos la grande sphère « Oeuf » et il fait voler son cerf-volant haut dans le ciel du quartier.

Nous en rêvons de bobines cerfs-volants qui voguent librement, selon une inversion de perspective, le point fixe n’est plus la bobine et le point mouvant l’extrémité du fil que l’acteur accroche, non, le point fixe c’est l’extrémité que l’acteur tient en main et le point mouvant c’est la bobine. La bobine déroule et accroche le fil au bâti au gré du vent.

A Sao Paulo, au pied de la favela, les enfants courent. Ils tirent un parachute qui se gonfle au ras du sol.

Ce parachute s’envole avec la sphère de Valparaiso, ils volent ensemble de la vallée du Paradis jusqu’à la forêt tropicale, et atterrissent à Brasilândia, à la limite d’une zone urbaine de 30 millions d’habitants…

Le parachute atterrit dans les escaliers où il se pose sur les fils. Les enfants le transforment en centaines de petits cerf-volants auxquels ils attachent une bobine de fil et lancent haut dans les airs pour que ces œufs éclosent autour d’eux.

Bobine cerf-volant, sphère-volante
Bobine cerf-volant, sphère-volante

Scénario imaginaire 9 : Tout le monde debout, que la fête commence

A Valparaiso, l’attente (de Godot?) est palpable. Ces hommes restent assis toute la journée tous les jours. Leur attention flotte sur le théâtre de la ville. 

A Bogota, le passage est fluide. Pour la fête de démontage le danseur Michi improvise une danse avec la violoncelliste Maria Virginia Lopez. Il virevolte avec les fils, la sculpture, les passants et se démultiplie. Main tendue, omoplate offerte, corps allongé obstacle au passage...

Ici nous exprimons le suc de cette danse et le butinons jusqu’à Valparaiso, où Michi, figure de proue du réseau en fil, s’escrime à hisser debout les assis, à faire danser les attentistes. Tandis que Maria Virginia fait vibrer les cordes des bobines-danseuses de San José dont les jupes vont s’agiter.

En 2040, la place Echaurren est peuplée de danseurs et de sculptures, les attentistes d’hier se dandinent au son du clapotis de l’eau de la fontaine.

Tout le monde debout, que la fête commence
Tout le monde debout, que la fête commence

Scénario imaginaire 10 : DéFILé DéFILé DéFILé 

La mode n’apparaît pas seulement sur le podium du défilé, elle survient dans la ville quand on s’imagine défiler sur un podium.

Sur ce podium on s’imagine soi-même, telle ces demoiselles de Rio de Janeiro, inspirées par une chanson ; ou le regard de la caméra et le montage nous transforment en mannequin, tels les autres protagonistes de la vidéo.

Les trois séquences ont lieu sur la scène du réseau en fil, qui défile ici de Rio de Janeiro à Pereira en Colombie et enfin de nouveau à Rio de Janeiro.

Tant qu’il y a du fil il y a défilé, imaginons la suite du défilé à Pouillenay, village bourguignon, par exemple...

DéFILé DéFILé DéFILé 
Crédits
Vidéos du Collectif MASI (Madlen Anipsitaki & Simon Riedler)
Musique : Compositions originales de Paul Hazan.
Graphisme des titres : Nana Stepanian

Peut-être alors que ces scénarios imaginaires vont nous conduire à de nouvelles réalisations…

La forme qui s’est imposée est celle du photomontage, que nous imprimerons sur tissu et broderons avec du fil, colorerons au pastel...la légende complète.

Depuis le début de notre périple, le poète aux semelles de vent nous accompagne avec ces quelques vers :

J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse. 

Arthur Rimbaud, Illuminations